VIOLENCES SEXUELLES : L’OMS veut s’attaquer à celles commises par ses humanitaires

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L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé, vendredi, 15 octobre, un plan d’action après une série de scandales de violences sexuelles impliquant des travailleurs humanitaires en République démocratique du Congo (RDC), en République centrafricaine (RCA), en Ethiopie, au Nigeria, en Somalie, au Soudan du Sud et au Soudan.

Sous forte pression de ses donateurs, l’OMS, dont des employés ont commis des agressions sexuelles, a dévoilé, vendredi, 15 octobre, une partie d’une stratégie « tolérance zéro », prévoyant un plan d’action, des experts et un changement de culture.

« L’OMS a alloué un montant initial de 7,6 millions de dollars (6,5 millions d’euros, NDLR) pour renforcer immédiatement sa capacité à éviter, détecter et répondre à l’exploitation et aux agressions sexuelles, dans dix pays présentant le profil de risque le plus élevé », a dit l’organisation.

Une fois recrutés, des experts seront déployés en Afghanistan, en République centrafricaine, en RDC, en Éthiopie, au Nigeria, en Somalie, au Soudan du Sud, au Soudan, au Venezuela et au Yémen.

Après le scandale des violences sexuelles commises en RDC, l’OMS a fait, fin septembre, son mea culpa. Mais, les principaux pays donateurs ont mis depuis, la direction de l’institution publiquement sous pression.

Dans un rare communiqué, plusieurs dizaines de pays, dont les Etats-Unis et les pays membres de UE, avaient exigé « l’engagement total » de l’organisation et de ses dirigeants sur ce sujet.

Le patron de l’agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, leur a présenté son plan, jeudi, 14 octobre, afin de recueillir leurs commentaires. Le document finalisé sera publié ces « prochains jours », selon l’OMS.

Le 28 septembre, une commission d’enquête indépendante a publié un rapport dévastateur pour l’OMS, qui établit que 21 de ses employés au moment des faits, parmi 83 auteurs présumés de violences sexuelles, ont commis de telles exactions contre des dizaines de personnes en RDC pendant l’épidémie d’Ebola de 2018-2020, dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.

Le rapport de la commission, dont la constitution n’a été annoncée par le Dr Tedros qu’après des révélations de l’agence, The New Humanitarian et de la Reuters Foundation, dénonce des « défaillances structurelles » et des « négligences individuelles ».

Le plan de réponse « présente des actions immédiates, à moyen et à long terme, pour remédier aux défaillances identifiées dans le rapport », a indiqué l’OMS.

Ce document met l’accent sur plusieurs points visant « à placer les victimes au cœur de la prévention et des réponses apportées aux agressions sexuelles » et à « renforcer les responsabilités individuelles et de la direction », selon l’institution.

« Conséquences sévères »   

Le document a aussi pour objectif de « réformer la culture de l’OMS, ses structures et ses systèmes, afin de créer une culture dans laquelle l’exploitation et les agressions sexuelles n’ont pas de place, dans laquelle l’impunité n’existe pas et qui soit dotée d’une tolérance zéro face à l’inaction ».

Le bétail sexuel de certains humanitaires (image d’illustration).

Selon une première estimation chiffrée, l’organisation aura besoin d’environ 15 millions de dollars, par an, pour mettre en œuvre le plan.

Le Dr Tedros, qui a eu le soutien public de la majorité des pays européens pour briguer un second mandat en 2022, s’est dit « désolé » auprès des victimes et a promis des « conséquences sévères » aux responsables juste après la publication du rapport sur la RDC.

L’OMS s’est engagée à mettre en œuvre les recommandations de la commission d’enquête et à se séparer des employés à l’origine des violences, de même que des responsables qui auraient dû intervenir.

L’organisation a mis fin, dès la publication du rapport, au contrat des quatre des 21 personnes directement impliquées qu’elle employait encore. Deux hauts responsables ont été placés en congés administratifs.

Comme les victimes n’ont pu fournir que les prénoms de plusieurs autres auteurs présumés, que l’OMS n’a pas encore totalement identifiés, l’organisation va faire appel à un service d’enquête externe pour ces cas afin d’évaluer les mesures supplémentaires qu’il est nécessaire de prendre.

Elle va, également, faire appel à un service externe pour identifier les responsabilités individuelles au sein de l’organisation, avait-elle annoncé, après la publication du rapport.

Par ailleurs, dans le cadre de la nouvelle épidémie d’Ebola qui sévit, actuellement, dans l’Est de la RDC, « nous avons déployé un expert en prévention des agressions sexuelles parmi l’équipe de 15 personnes déployée à Beni », a indiqué l’OMS vendredi.

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