ALGERIE : La photo qui fait scandale

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Du coup, la question est reposée : qui gouverne (exactement) l’Algérie ? Car ce n’est pas le président, Abdelaziz Bouteflika, apparue sur cette photo qui peut même signer un quelconque décret. Sa main ne supporterait plus un tel supplice. Alors, qui prend les décisions au nom du président ? Agé, seulement, de 79 ans, le président algérien ne tient encore debout que par la grâce du Très Haut, Allah le Miséricordieux.

Le président a cru bon se faire voir alors qu’il recevait le premier ministre français, Manuel Valls (notre photo), accompagné, pour la circonstance de son ministre de l’Education, Najat Vaullaud-Belkacem (non visible sur la photo), une fille originaire du pays.

Malheureusement, le président, au pouvoir depuis 1999, présentait un visage livide, les yeux hagards et la bouche ouverte, laissant sortir, parfois, la bave, comme l’ont montré certaines photos. Grave ! Vraiment grave !

« La visite de Valls a mis fin à un mensonge » et « les Algériens découvrent un président qui n’est pas en mesure de conduire le pays jusqu’à la fin de son mandat en 2019 », a jugé, par exemple, jeudi, 14 avril, le quotidien francophone El Watan.

Le quatrième mandat, remporté le 17 avril 2014 après un amendement de la Constitution ayant fait sauter le verrou de la limitation des mandats, est « de trop », avait renchéri Liberté.
Le quotidien francophone juge « sage » de mettre en oeuvre la procédure d’empêchement réclamée, aussi, par l’opposition contre le président, qui vit dans sa résidence de Zéralda, à l’Ouest d’Alger, transformée en bureau.

M. Bouteflika, qui ne se déplace plus, y reçoit, notamment, les dirigeants étrangers en visite à Alger. Comme ce fut le cas pour le premier ministre français qui a tweeté la photo du rendez-vous.

Ce tweet a été qualifié d' »acte désobligeant » par le chef de cabinet de M. Bouteflika, Ahmed Ouyahia, cité, dimanche, 17 avril, par la presse. Pourquoi le chef de cabinet voulait-il occulter la vérité dans un monde où la transparence est le maître-mot ?

« Le tweet de Valls a eu un retentissement international qui ne restera pas sans suite. Bouteflika va se hâter de proposer un successeur parmi ses proches », estime Rachid Tlemçani, professeur de sciences politiques. Ce n’est pas sûr, l’Algérie étant l’Algérie.

Le chef de l’Etat avait dissous, fin 2015, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) après avoir limogé le tout puissant général, Mohamed Mediene, dit Toufik, qui avait dirigé cet appareil pendant 25 ans, faisant de lui un Etat dans l’Etat.

Son éviction a fait du président Bouteflika un dirigeant à la signature duquel est suspendue la carrière de tout haut fonctionnaire ou gradé. Mais au vu de cette photo, on a la preuve que ce n’est pas le président Bouteflika qui a repris le pouvoir du général Toufik mais quelqu’un d’autre dans le système. Qui alors ? Le premier ministre ou le frère du président, Saïd Bouteflika, comme cela se chuchote ? Mystère !

Cela dit, le président Bouteflika aurait, cependant, gardé « intactes ses capacités d’analyse ».

Et même, en cas de son décès, il n’y aura pas péril en la demeure, « l’Algérie étant habituée à sortir des candidats surprise ». Des exemples : à la mort de Houari Boumediene, en 1978, l’homme de la politique des « industries industrialisantes » (éléphants blancs), on attendait son ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika. Mais l’armée lui avait préféré l’inattendu et très discret colonel, Chadli Bendjedid, qu’on était parti « piocher », à Oran, sur le critère de l' »officier le plus ancien au grade le plus élevé ».

Quand ce dernier fut contraint de démissionner sous la pression islamiste, en 1992, c’est un vétéran de la guerre d’indépendance, Mohamed Boudiaf, opposant irréductible et exilé, au Maroc, chez (l’ennemi perpétuel) le roi, Hassan II, qui lui succéda, comme président du Comité d’Etat (président de la République). Preuve que ce choix était un crime de lèse-majesté, il fut assassiné au bout de six mois. Un fait rarissime en Algérie. L’arrivée de M. Bouteflika en 1999 fut, aussi, une surprise. On n’attendait tout le monde sauf lui.

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