BURUNDI : Le premier ministre Gervais Ndirakobuca sera-t-il à la hauteur ?

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Récemment nommé au poste de chef du gouvernement par Evariste Ndayishimiye, président de la République, Gervais Ndirakobuca, alias Ndakugarika, est un homme politique controversé.

En 2015, alors qu’il est chef du cabinet à la présidence de la République chargé des questions de police, il se voit infligé des sanctions (interdiction de voyager, gel des avoirs…) par l’Union européenne pour son implication dans des actes de violence, qualifiables de crimes contre l’humanité, perpétrés à l’égard du peuple burundais venu manifester son mécontentement vis-à-vis de la tentative de l’ancien chef d’Etat, Pierre Nkurunziza (aujourd’hui décédé à cause du Covid-19), de briguer un troisième mandat, que la constitution ne prévoit pas.

Non content de cet épisode, qui a plombé sa côte de popularité auprès des populations locales, Gervais Ndirakobuca, désormais, ministre de l’Intérieur, décide alors, sept ans plus tard, d’interdire la circulation des taxis-vélos, taxis-motos et autres tuk-tuk au sein de la capitale, Bujumbura, éliminant, ainsi, l’unique source de revenus de près de 20 000 conducteurs, d’une part, et obligeant leurs clients, ne disposant pas d’assez de moyens pour voyager en bus ou en taxi-voitures, de se déplacer à pied, d’autre part.

L’indignation était donc à son comble dans le pays le 26 octobre dernier après la publication sur le site internet europeansanctions d’un communiqué annonçant la levée des sanctions imposées contre Gervais Ndirakobuca, devenu premier ministre plusieurs semaines auparavant. La société civile burundaise y a vu une volonté inexplicable des leaders européens de récompenser la mauvaise gouvernance de ses hauts fonctionnaires d’Etat.

Qui viendra donc au secours du peuple burundais livré à lui-même ? Certainement pas le premier ministre, Gervais Ndirakobuca, qui a, visiblement, oublié toute notion de service public, ou qui ne l’a même jamais connu.

Cela dit, ne désespérons de rien. Seules les montagnes sont immuables dans leur position. Si le président de la République, qui tient à changer, radicalement, l’image du Burundi à l’international, lui a confié un poste aussi stratégique, c’est sans doute parce que connaissant l’homme, il se dit qu’il est cette personne qu’il fallait à cette place. Reste donc au premier ministre de démentir tous ses détracteurs, en répondant aux attentes du peuple burundais qui ne demande pas mieux.

Paul Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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