COTE D’IVOIRE : Un peuple définitivement vaincu (à cause de son défaitisme et de son manque de courage)

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Après la prise du palais présidentiel, le 9 juillet 2022, ce qui obligea le président, Gotabaya Rajapaksa, à fuir Colombo pour les Maldives, des milliers de Sri Lankais ont envahi, 4 jours plus tard, les bureaux du premier ministre et incendié sa résidence. Voilà comment se comporte un peuple digne. Voilà comment agit un peuple qui entend se faire respecter.

Chez nous, bien que Dramane Ouattara ait commis plus de crimes que les dirigeants sri lankais, bien qu’il ait maintes fois affirmé que ses opposants devraient discuter avec le peuple et non avec lui, bien qu’il garde injustement en prison depuis 11 ans des pères de famille, bien qu’il n’arrête pas de pressurer et de faire souffrir les Ivoiriens, on préfère attendre que la diaspora ivoirienne arrive et se mette devant les manifestants pour le dégager, demander à Dieu de nous délivrer de ce monstre qui veut maintenant déstabiliser le Mali, un pays qui le soutenait hier.

Danièle Boni Claverie et Pulchérie Edith Gbalet se sont récemment exprimées. La première se demandait s’il y avait une opposition politique dans notre pays après que le PPA-CI et le PDCI-RDA eurent décidé d’appeler leurs députés à voter pour Adama Bictogo du RHDP au poste de président de l’Assemblée. Pour sa part, la seconde qualifiait d’institutions inutiles et budgétivores le sénat, la vice-présidence, la chambre des rois et des chefs en même temps qu’elle critiquait les arrestations arbitraires, les enlèvements et la ruse du pouvoir dans le processus de réconciliation. Claverie et Pulchérie emboîtaient ainsi le pas à Simone Gbagbo qui, le 30 septembre 2020, sur la chaîne de télévision, France 24, déclarait que le régime d’Alassane Ouattara était une dictature.

En écoutant les 3 dames, on ne peut s’empêcher de penser à l’hymne de l’empire du Wassoulou de Samory Touré qui en substance dit ceci : “Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appel aux hommes les plus valeureux. Si tu ne peux dire la vérité, en tout lieu et en tout temps, fais appel aux hommes les plus courageux. Si tu ne peux être impartial, cède le trône aux hommes justes. Si tu ne peux protéger le fer pour braver l’ennemi, donne ton sabre de guerre aux femmes, qui t’indiqueront le chemin de l’honneur. Si tu ne peux exprimer courageusement tes pensées, donne la parole aux griots.” Simone Ehivet, Danièle Boni et Edith Gbalet seraient-elles plus valeureuses et plus courageuses que les autres Ivoiriens ?

Il est de notoriété publique que c’est Ouattara qui a renversé Konan Bédié (1999) et Gbagbo (2011) après avoir proféré des menaces contre leurs régimes. Cet homme, avec qui ils n’auraient jamais dû s’acoquiner, les méprise royalement. La preuve, il n’a honoré aucune de leurs requêtes. Et ils veulent discuter avec lui, aujourd’hui. Mais de quoi vont-ils parler ? Ont-ils de nouvelles revendications à faire valoir ? Quand on sait que l’opposition attend toujours l’application des résolutions du dialogue politique, on peut s’interroger sur l’utilité de la rencontre de Bédié et Gbagbo avec Ouattara. L’attitude des deux anciens présidents ressemble à un masochisme que j’ai du mal à comprendre.

Jean-Claude DJEREKE

est professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis).

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