GABON : Le médiateur demande au BOA (Bongo Ondimba Ali) de « dialoguer » avec l’opposition

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Mais, comme le Béninois, Maixent Accrombessi, ne lui a pas, encore, donné le feu vert, Bongo Ondimba Ali (BOA) tourne en rond, comme un sans domicile fixe, en refusant le dialogue dont l’issue est pourtant inévitable. Sortant de sa légendaire réserve, le médiateur de la République, Laure Olga Gondjout (qu’on n’entend pratiquement jamais parce qu’elle préfère assurer ses fonctions dans la discrétion comme le lui avait appris le patriarche), a, officiellement, demandé au président de la République de prendre l’initiative d’un dialogue : « A vous, Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Gardien de nos Institutions, Garant de l’Unité Nationale, j’adresse un appel particulier. Vous êtes aussi le Gardien de nos valeurs culturelles et morales, et parmi celles-ci, le dialogue et la concorde », affirme le médiateur (voir sa photo avec le président de la République, le 11 février 2014, au Palais du Bord de Mer, après sa prestation de serment assurée par la présidente de la Cour constitutionnelle). Voilà qui est dit. A supposer que le BOA ait oublié le nom qu’il porte (Bongo Ondimba), c’est-à-dire, celui du patriarche, l’homme de paix et de dialogue, mondialement, vénéré pour ses initiatives visant à rapprocher les hommes, Laure Olga Gondjout a rappelé qu’il, (lui le président de la République), doit aller vers l’opposition en tant que chef de l’Etat.

La balle est, incontestablement, dans le camp d’Accrombessi, l’homme qui bloque le Gabon et le dialogue que BOA refuse d’organiser. Ce Béninois, directeur de cabinet du président de la République, a réussi à humilier les Gabonais. Il est, en vérité, à l’origine de la grave crise que le médiateur déplore dans son discours prononcé, ce samedi, 7 mai, discours que nous vous proposons dans son intégralité.

L’APPEL DU MEDIATEUR DU GABON (Laure Olga Gondjout)

« Dans le cadre des missions du Médiateur de la République visant à rechercher en période de crise les solutions en vue de rétablir la paix sociale, j’ai pris l’initiative d’entreprendre une mission de consultation auprès de nombreux acteurs de la classe politique, de la société civile, d’autres forces vives de la Nation et du corps diplomatique.
Il me plaît tout d’abord, d’exprimer ma sincère gratitude à l’ensemble des personnalités consultées non seulement pour avoir salué l’initiative mais aussi et surtout pour l’africanité de leur accueil.
Pour l’heure, la première étape de la mission de consultation du Médiateur de la République a été circonscrite à Libreville, qui concentre, comme chacun sait, la diversité des crises constatées.
A ce stade, un constat de situation périlleuse doit être, malheureusement, dressé ! Oui la crise est morale ! Oui la crise est sociale ! Oui la crise est économique ! Oui la crise est politique ! Ces crises devenues siamoises sont réelles, profondes et dangereuses ! Leurs effets conjugués laissent planer l’incertitude du lendemain pour l’Unité Nationale.
La crise politique perfuse la crise sociale, elle-même exacerbée par la crise économique. Le discours politique est d’une virulence ahurissante, la haine de l’autre a remplacé le débat démocratique. Prononcé de vive voix par les acteurs politiques ou par presse interposée, rien n’augure que ce discours baissera en intensité à l’approche des échéances électorales politiques majeures. C’est une course dont la finalité est de construire un mur épais et infranchissable entre les Gabonais et les Gabonaises, pourtant Enfants d’un même pays.
Le lien national, cultivé et préservé par les Pères Fondateurs de la République Gabonaise sur la base du vouloir vivre ensemble et le sentiment qu’il n’y a rien de plus grand que le Gabon, est en voie de délitement. Comme jamais auparavant dans l’histoire de notre pays, nos compatriotes comme ceux venus nous apporter leur force de travail n’ont été autant gagnés par la peur, l’angoisse au point de se préparer à l’exil ou y mettre à l’abri leurs familles.
La crise sociale avec son cortège d’inégalités, d’exclusions et d’injustices engendre du déclassement social et prend des proportions avilissantes et dangereuses. Le dialogue social est au point mort et, dans un contexte de crise économique grave, la détresse de nos compatriotes peut être exploitée à des fins inavouées.
Les symptômes d’une crise morale qui touche aussi notre pays sont patents :
– Les jeunes dénient aux anciens la légitimité de l’expérience et de la sagesse, cette torche qui éclaire le chemin et dont ils passeront le flambeau, aux plus jeunes devenus vieux ;
 L’exploitation de la candeur ou de la vigueur des jeunes à des fins politiciennes contrarie nos valeurs ;
 La prostitution juvénile de grande ampleur pour survivre faute d’un emploi noble et valorisant est préoccupante ;
 Des mères de famille dévêtues sont exhibées en public et en ligne dans l’indifférence générale.
Comme un clin d’œil de l’Histoire ! Le Gabon jadis havre et apôtre de paix qui a contribué si heureusement à la prévention, à la gestion et à la résolution de crises socio-politiques en Afrique semble devenir, à son tour, une source d’inquiétude grave pour les pays frères et la Communauté internationale. Que n’avons-nous donc pas assimilé les leçons d’Un Maître dont la dévotion pour la Paix était unanimement et internationalement reconnue ?
Il devient donc impératif pour chacun, de prendre la mesure de la situation de notre pays. Les Institutions chargées de jouer ce rôle, jusqu’ici aphones, doivent activer les alertes devant les menaces présentes et à venir.
Nous approchons inexorablement de la date fatidique d’un scrutin majeur. Le climat dans lequel il se prépare, exige calme, responsabilité et sérénité. Nous devons, tous et toutes, redevenir des experts de la paix pour prévenir avec sagesse toute crise.
Tous les Gabonais et toutes les Gabonaises, animés de la fibre patriotique et épris de paix, doivent prendre conscience de la responsabilité individuelle qui est la leur et de la responsabilité collective qui est la nôtre. Chacun doit être au rendez-vous de sa conscience patriotique !
Il faut aujourd’hui que toutes les Femmes politiques et tous les Hommes politiques qui prétendent aux plus hautes charges, avec pour devoirs de préserver la paix et la sécurité dans notre pays, sachent que dans ce domaine leur responsabilité devant l’Histoire, est immense et leur sens de l’Etat, de l’Intérêt Général et du Bien Commun est attendu.
Nous attendons d’eux des paroles de paix !
Nous attendons d’eux qu’ils se mobilisent contre notre seul adversaire : le sous-développement, la lutte contre la paupérisation de nos compatriotes !
Nous attendons d’eux des actes où le patriotisme, et le « Gabon d’abord », ce cri de ralliement tant cité, ne soit pas qu’un slogan vide de sens.
A vous, Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, Gardien de nos Institutions, Garant de l’Unité Nationale j’adresse un appel particulier. Vous êtes aussi le Gardien de nos valeurs culturelles et morales, et parmi celles-ci, le dialogue et la concorde.
A tous les Acteurs de la Classe politique, mettez tout en œuvre pour vous retrouver dans le corps de garde ou au pied de l’arbre à palabres, non pas pour reproduire des schémas éculés de politique politicienne, mais pour rappeler urbi et orbi, « unis dans la concorde », que la paix est la seule politique qui vaille au Gabon.
Ne donnez pas raison aux souffleurs de braise qui s’activent pour l’implosion du Gabon !
Tôt ou tard, vous tous acteurs de tous bords finirez par vous retrouver. Aussi, il vaudrait mieux vous écouter maintenant sans que la palabre ne soit imposée dans d’autres conditions et dans un contexte différent ; il est encore temps !
Je laisse à votre réflexion l’interrogation suivante : Quel Gabon voulez-vous laisser à la postérité ? Le Gabon du chaos ou le Gabon de l’Ordre et de la Paix !
Au Clergé dans sa riche diversité, je vous invite à poursuivre votre mission inlassable d’intercession auprès du Très-Haut !
A nos Chefs Spirituels et Traditionnels, je vous invite à poursuivre votre mission inlassable d’intercession auprès des mânes de nos ancêtres !
Aux Hommes et aux Femmes de tous les médias, vous qui exercez un métier noble en donnant de la résonance à l’information, sachez que vous avez un rôle délicat à jouer pour calmer et élever le débat avec professionnalisme et courage. Ne soyez pas l’étincelle, soyez plutôt l’aiguilleur !
Convaincue que tous les Gabonais et toutes les Gabonaises éprouvent un amour sincère pour leur Patrie, je fonde l’espoir qu’il n’est jamais trop tard pour le Gabon, notre pays ! Je vous remercie ».

SIGNE LE MEDIATEUR DE LA REPUBLIQUE
Laure Olga GONDJOUT

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