GENOCIDES : LE PRÉSIDENT AMÉRICAIN JOE BIDEN RECONNAÎT CELUI DES ARMÉNIENS (EN ATTENDANT DE RECONNAÎTRE CEUX COMMIS EN AFRIQUE PAR LES EX-PUISSANCES COLONIALES)

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Joe Biden a reconnu, samedi, 24 avril, le génocide arménien, une première pour un président des Etats-Unis. Immédiatement, après cette annonce, son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé « la politisation par des tiers » du débat autour de cette époque de l’Histoire. Cela dit, la reconnaissance par les Etats-Unis est une grande ouverture sur la fermeture qu’on constatait sur ce pan de l’histoire. En effet, les pays africains victimes des politiques coloniales ont, à différents titres, été frappés par des génocides. Les pays comme l’Algérie, le Cameroun dans les maquis de l’Union des populations du Cameroun, le Mozambique victime des exactions des colons allemands, pour ne citer que ceux-la, gardent des archives prêtes à être exhibées pour montrer le bienfondé de leurs accusations. C’est pourquoi Joe Biden ouvre une brèche qui demande à être élargie car les génocides ont beaucoup déstructuré le continent africain.

Joe Biden a reconnu, samedi 24 avril, le génocide arménien, devenant le premier président des États-Unis à qualifier ainsi la mort d’un million et demi d’Arméniens massacrés par l’Empire ottoman en 1915.

« Les Américains honorent tous les Arméniens qui ont péri dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans aujourd’hui », a écrit Joe Biden dans une déclaration traditionnelle de la Maison Blanche à l’occasion de la journée de commémoration, le 24 avril.

« Nous affirmons l’Histoire. Nous ne faisons pas cela pour accabler quiconque mais pour nous assurer que ce qui s’est passé ne se répète jamais », a-t-il ajouté.

De son côté, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a salué les propos de Joe Biden, le remerciant pour cette « mesure très forte envers la justice et la vérité historique » et qui offre un « soutien inestimable aux descendants des victimes du génocide arménien ».

La reconnaissance du génocide constitue « un exemple encourageant pour tous ceux qui veulent bâtir une société internationale juste et tolérante », a encore dit le chef du gouvernement arménien.

Immédiatement, après la diffusion du communiqué de la Maison Blanche, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé « la politisation par des tiers » du débat autour de cette époque de l’Histoire. 

« Personne ne profite du fait que les débats, qui devraient être tenus par des historiens, soient politisés par des tiers et deviennent un instrument d’ingérence dans notre pays », a-t-il déclaré dans un message adressé au patriarche arménien à Istanbul.

La Turquie n’a « de leçon à recevoir de personne sur son histoire », a surenchéri le ministre turc des Affaires étrangères. « Les mots ne peuvent pas changer ou réécrire l’histoire », a-t-il tweeté. Le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré avoir convoqué l’ambassadeur des États-Unis à Ankara.

Le génocide arménien est reconnu par plus d’une vingtaine de pays et de nombreux historiens, mais il est vigoureusement contesté par la Turquie.

Le Congrès américain a reconnu le génocide arménien en décembre 2019 lors d’un vote symbolique, mais, le président, Donald Trump, qui entretenait d’assez bonnes relations avec Recep Tayyip Erdogan, avait refusé d’utiliser le mot, parlant seulement d' »une des pires atrocités de masse du 20e siècle ».

 « Nous ne devons jamais oublier ni rester silencieux sur cette horrible et systématique campagne d’extermination », avait souligné Joe Biden durant sa campagne. « Si nous ne reconnaissons pas pleinement le génocide, si nous ne le commémorons pas, si nous ne l’enseignons pas, les mots +plus jamais+ ne veulent plus rien dire », avait-il ajouté.

Le président Joe BidenLe président Joe Biden.

L’annonce de Joe Biden n’aura pas de portée légale, mais elle ne peut qu’aggraver les tensions avec une Turquie que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a qualifiée de « soi-disant partenaire stratégique » qui « par de nombreux aspects ne se comporte pas comme un allié ».

Le président démocrate assure vouloir mettre la défense des droits humains au coeur de sa politique étrangère. Son gouvernement a confirmé l’accusation de « génocide » formulée dans les derniers jours de la présidence de Donald Trump contre la Chine pour la répression des musulmans ouïghours.

Nous encourageons, vivement, le président Joe Biden à se pencher sur les génocides africains dont certains ont complètement déstructuré les pays concernés.

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