GUINEE : Mamadi Doumbouya imperturbable malgré les critiques (mais content d’être bien noté à Paris)

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Plus de trois ans après avoir renversé son prédécesseur, Alpha Condé, le désormais général-président, Mamadi Doumbouya, mène la transition en Guinée en alternant le bien et le moins bien, selon le point de vue de tout un chacun. Pendant que plusieurs le jugent comme étant bien à sa place à la tête de l’Etat, d’autres réclament qu’il transfère le pouvoir aux civils.

Sauf que, dans tout régime de transition qui se respecte, les choses ne se passent pas souvent comme prévu. En effet, les populations au bord du désespoir sollicitent un libérateur, qui finit par se manifester et accomplir leur souhait, avant de se découvrir des compétences en matière de gouvernance étatique, qu’il ne soupçonnait pas jusque-là.

Depuis son arrivée au pouvoir, le président de la transition en Guinée a engagé une série de réformes pour améliorer la transparence dans la gestion du pays (sur notre photo, le général-président, Mamadi Doumbouya, avec la première dame, Lauriane Darboux-Doumbouya, de la gendarmerie française). Par exemple, celles du secteur minier pour réaffirmer la souveraineté nationale, ou encore, le recensement biométrique des fonctionnaires guinéens, afin de lutter contre la corruption au sein de l’administration publique.

Pour prouver son attachement au changement ainsi qu’aux résultats, Mamadi Doumbouya n’a pas hésité à renvoyer tout un gouvernement sur fond de mésentente entre ses différents membres. Il vient d’ailleurs de se séparer de deux conseillers de la présidence, l’un pour trafic d’influence, et l’autre, pour non-atteinte des objectifs fixés.

Si sur ces plans, Mamadi Doumbouya fait face à peu de critiques, qui, pour la plupart, ne peuvent venir que des personnes ayant longtemps bénéficié de l’opacité de l’ancien système, et dont les vivres ont été coupées du jour au lendemain, il n’est, en revanche, pas épargné sur les droits humains, en particulier, le sort des opposants et les restrictions de la presse et des réseaux sociaux.

Mais, connaissant l’importance de l’ordre et de la discipline dans les corps armés nationaux, il semble normal que les personnes y étant issues reproduisent ces attributs, dans lesquels, elles ont baigné toute leur vie, et qui sont même devenus pour beaucoup comme une seconde nature. C’est ce qui se passe en Afrique et partout ailleurs, et la Guinée ne fera pas exception.

Le premier ministre, Bah Oury et son épouse, reçu par le couple Macron en marge des JO de Paris 2024.

Après avoir été nommé chef du nouveau gouvernement, l’ancien opposant, Bah Oury, avait déclaré vouloir se pencher sur la question de la liberté d’expression. Le fait qu’il n’ait, à ce jour, toujours pas réussi à faire retirer ces restrictions n’est pas surprenant, compte tenu de ce qui a été évoqué plus haut. Mais, la junte finira, tôt ou tard, par se débarrasser de ce poids.

Face à ce spectacle, la CEDEAO use de patience. Après tout, Paris ne semble pas avoir donné de directives particulières allant à l’encontre de Conakry. Surtout que celle-ci se tient à bonne distance de Moscou, considérée comme la ligne rouge à ne pas franchir par tous ceux qui ont des velléités nationalistes. Et ça le général-président l’a compris et en profite allègrement.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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