MALI : L ‘Imam Mahmoud Dicko (l’anti-junte au pouvoir) devient-il le bras armé de la France ?

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L’imam, Mahmoud Dicko, ne s’en cache plus : il hait les militaires au pouvoir, et plus précisément, le colonel-président, Assimi Goïta. Alors que le Haut conseil islamique de l’imam présidé par Chérif Ousmane Madani, ainsi que, beaucoup d’autres organisations islamiques, soutiennent, les colonels au pouvoir dans leur quête de donner une véritable indépendance politique, économique, culturelle, sociale et militaire au Mali, l’imam, Mahmoud Dicko, lui, s’emploie, au contraire, à saper les efforts du pouvoir de transition. Chassée du pays, en 2022, la France a, ainsi, trouvé un représentant malien, de surcroît, imam, qui dit les choses à sa place. Quel bonheur pour Paris ! Dicko sait-il qu’il fait le jeu de la France ? Il ne le sait que trop bien mais, comme il aime le pouvoir (c’est lui qui fut à l’origine du renversement du président, Ibrahim Boubacar Keita, mais il n’en profita guère), il œuvre en douceur pour l’échec de la transition. Après deux coups d’état successifs du colonel-président, l’imam montre, enfin, son vrai visage. Il voudrait la place des militaires, bien qu’il le nie farouchement.

Les fidèles de l’imam ont, ainsi, réclamé, dimanche, 15 janvier, des explications à la junte malienne pour l’emploi, la veille, de lacrymogènes lors d’un rassemblement au retour de l’étranger de cette importante figure religieuse et politique. Mahmoud Dicko rentrait d’Arabie Saoudite d’où il reçoit d’importants financements pour son œuvre de déstabilisation du régime en place. Alors que le pouvoir de transition avait prévu de faire du 14 janvier, une journée de reconquête de la souveraineté du pays à travers des mobilisations citoyennes pour faire prendre conscience au peuple, l’imam, Mahmoud Dicko, a choisi de rentrer, à Bamako, ce même 14 janvier, provoquant un désordre inédit au niveau des attroupements. La CMAS (Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko) qui soutient les actions de l’imam avait appelé ses membres à l’accueillir, de retour d’Arabie Saoudite. Pour éviter les heurts entre Maliens qui soutiennent Dicko et ceux qui ne jurent que par les militaires, ces derniers ont annulé les manifestations qu’ils prévoyaient pour leur 14 janvier, laissant la rue aux amis de Dicko. D’où l’utilisation des tirs de lacrymogènes dont le but était d’éviter les débordements et les casses, et les forcer à rentrer chez eux.

L’imam Dicko a été la figure tutélaire d’un mouvement de contestation, qui avait précédé le renversement du président, Ibrahim Boubacar Keïta, par les colonels en 2020. Depuis que sa ligne politique a été ignorée par les colonels, selon ce qu’il dit souvent, il a commencé, ouvertement, à exprimer ses désaccords avec le gouvernement de transition. Pourtant, l’actuel premier ministre, Dr Choguel Maïga, avait été choisi au sein du R5-RFP car assez proche de l’imam. D’aucuns le considéraient même comme un de ses principaux porte-parole. Mais, qui, au Mali, peut réellement porter la parole de Mahmoud Dicko  tellement il est instable ? Pour preuves, quelques mois, plus tard, l’imam critiquait son gouvernement sans appeler, ouvertement, à des manifestations contre le pouvoir de transition même si les organisations proches de ses idées, qui le soutiennent, sont très critiques à l’endroit des militaires.

C’est une situation qui arrange beaucoup la France car qui emmerde les militaires maliens, ne peut que plaire aux Français. L’imam, Dicko, en tant que (grand) dignitaire religieux, fait cavalier presque seul dans les critiques contre le régime contrairement aux autres associations religieuses, qui soutiennent le pouvoir et prient pour qu’il réussisse. Parfois, on se demande si Dicko veut, réellement, le bien des Maliens ? Car il caresse l’espoir d’un échec rétentissant du pouvoir, en gardant toujours sa position ambiguë où, officiellement, il dit ne pas s’intéresser au pouvoir politique, tout en ne trouvant pas des mots assez durs pour le critiquer. Il rejoint, ainsi, sans ambiguité, les Français dont l’objectif (connu) est de saborder l’action des militaires au pouvoir, que soutiennent les miliciens de Wagner, même si le travail du gouvernement répond aux véritables aspirations du peuple malien.

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