SOMMET EXTRAORDINAIRE DE LA CEEAC : On demande au général-président du Gabon de clarifier sa position

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Le Sommet extraordinaire de la CEEAC (Communauté économique des onze Etats de l’Afrique centrale) s’est tenu, vendredi, 15 décembre, à Malabo (Djibloho), essentiellement, sur la transition au Gabon. Après avoir délocalisé le fonctionnement de l’institution de Libreville à Malabo, les chefs d’Etat présents ont évalué la situation en reconnaissant les bons points et les moins bons de cette transition. Le siège restera (pour le moment) à Libreville mais ses services sont transférés à Malabo en attendant le retour à la normale. Une précision importante : les personnels restés à Libreville doivent bénéficier de leur statut diplomatique comme avant.

On n’enseigne pas à un singe à faire les grimaces. La CEEAC compte les chefs d’Etat du continent parmi les plus âgés, c’est-à-dire, expérimentés. Leur longévité au pouvoir fait qu’ils ont déjà presque tout vu et savent anticiper sur des questions qu’on peut penser leur cacher.

Le mérite du général-président, Brice Oligui Nguema, est d’avoir fait un coup d’état (généralement salué par les Gabonais dans leur majorité) sans effusion de sang. Les raisons qui ont provoqué ce changement sont – certes – fondées. Cela dit, il faut respecter les textes et les conventions que le Gabon a signés à l’international. C’est la raison de son exclusion des instances comme l’Union africaine (UA) et la CEEAC pour ne citer que celles-là, jusqu’à ce qu’il sorte de son illégalité actuelle même si on peut accepter (ça se discute) la légitimité de ce putsch. En effet, pour beaucoup de juristes, un coup d’état quelles qu’en soient les raisons, ne peut être acceptable.

Brice Oligui Nguéma a, clairement, indiqué à ses homologues de la CEEAC que la transition avait été fixée à 24 mois et prendrait fin en août 2025. Donc acte ! Il reste, cependant, une question cruciale qui aurait beaucoup aidé les dirigeants réunis à assouplir leur position, et peut-être, à valider pour un avenir proche, sans attendre la fin de la transition, le retour du Gabon à la CEEAC : si le général-président avait pris un engagement devant eux d’organiser des élections auxquelles il ne prendrait pas part et quitterait le pouvoir. Un tel engagement aurait mis tout le monde d’accord. Il ne l’a pas pris. Or, certains le soupçonnent (à juste titre) de vouloir conserver le pouvoir. C’est à ce niveau que son manque de clarification n’a pas aidé à Djibloho. Autrement dit tout dépend de lui.

Les choses auraient été plus simples si le jeune président gabonais ne faisait pas l’objet de vents contraires dans la sous-région. D’un côté, il a une oreille très attentive chez Denis Sassou-Nguesso qui l’encourage à garder le pouvoir car pour lui, quand on est au pouvoir, on ne le quitte pas. Au grand mécontentement des Gabonais, Sassou (qui sait se rendre utile pour de mauvaises causes) est devenu le conseiller le plus écouté du général-président.

De l’autre côté, il y a les deux doyens, l’Equato-Guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, et son frère de Mvomeka, Paul Biya, qui ne l’entendent pas de cette oreille. Surtout, qu’il ne faut pas donner l’impression aux militaires de la sous-région qu’un coup d’état peut, facilement, se transformer en essai validé.

On en est là sans oublier que la meilleure façon de faire sombrer le Gabon dans l’instabilité et les troubles, serait de transformer la transition actuelle en un pouvoir dit démocratique avec les mêmes militaires aux affaires qui auraient entre temps troqué leurs treillis avec les costumes trois pièces, au terme d’une élection présidentielle aux contours contestables. Là, il y aurait lieu de craindre.

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