SOUDAN : L’ex-président soudanais Omar el-Béchir devant la justice dès ce samedi 17 août

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Le procès de l’ex-chef d’Etat, Omar el-Bechir, accusé de corruption s’ouvre, au Soudan, samedi, 17 août, alors que le Conseil militaire et les chefs de file de la contestation sont parvenus à un accord historique qui doit être rendu public ce même jour. Une journée pleine de symbole, donc, pour les Soudanais qui, au moment, où démarre ce jugement (synonyme de la volonté de commencer le calcul du solde du bilan de leur ancien président), les dirigeants de la contestation et l’armée annoncent avoir trouvé les personnes qui vont gérer la transition avant les élections générales prévues dans trois ans.

L’ex-président soudanais renversé par la rue, après vingt-six ans au pouvoir, doit répondre devant un tribunal soudanais d’accusations de corruption. L’équivalent de 113 millions de dollars en devises étrangères et livres soudanaises avaient été saisis quelques jours après sa destitution et son arrestation le 11 avril dans l’une de ses résidences à Khartoum.

Ironie du calendrier, c’est aussi ce samedi, 17 août, que le Conseil militaire de transition et les représentants de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC) fer de lance de la contestation, signeront un accord historique ouvrant une période de transition de trois ans vers un pouvoir civil. 

Obtenu après d’âpres négociations, l’accord met fin à des mois de manifestations, déclenchées le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain avant de se transformer en contestation du régime autoritaire d’Omar el-Bechir. Réprimée dans le sang, plus de 250 personnes y ont trouvé la mort, dont 127 lors de la dispersion brutale d’un sit-in devant le QG de l’armée à Khartoum le 3 juin.

Samedi, l’ex-président, Omar el-Béchir, ne répondra pas de ces morts. Il ne sera pas non plus poursuivi pour les accusations de crimes de guerre et de génocides perpétrés lors de la guerre du Darfour entre 2003 et 2004 et pour lesquelles deux mandats internationaux ont été émis à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI) en 2009 et 2010.

Mi-juin, la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, avait plaidé devant le Conseil de sécurité de l’ONU pour un jugement devant la justice internationale juste après une première comparution d’Omar el-Bechir, le 16 juin. « Le moment est venu pour le peuple soudanais de choisir le droit au détriment de l’impunité et de veiller à ce que les suspects de la CPI dans le dossier du Darfour soient finalement jugés devant un tribunal », avait-t-elle déclaré. 

Mais, c’est une fin de non-recevoir que lui avaient, de nouveau, opposé les dirigeants du Conseil militaire de la transition (CMT), estimant que la justice soudanaise était assez indépendante et capable de remplir entièrement sa mission en organisant le procès de l’ex-dirigeant soudanais. Les autorités militaires réitéraient, ainsi, un premier refus exprimé en avril. 

Mercredi, 15 août, les Etats-Unis ont annoncé des sanctions contre Salah Gosh, l’ancien chef du service de renseignements soudanais sous le régime d’Omar el-Béchir, en raison de « violations flagrantes des droits humains ». « Le département a des informations crédibles [stipulant] que Salah Gosh a été impliqué dans des actes de torture pendant sa période à la tête du NISS », précise un communiqué du département d’Etat. 

Omar el-Béchir a, pendant plus de dix ans, échappé à la justice internationale malgré les mandats de la CPI. Il avait même pu faire de multiples voyages dans une dizaine de pays. Mais, si le Conseil militaire de transition s’est exprimé contre son extradition, un gouvernement civil sera, probablement, peut-être, plus enclin à accepter son transfert à La Haye. Cela dit, c’est à mettre au conditionnel car cette question fera, à coup sûr, l’objet d’un accord entre l’ALC et le Conseil militaire, avant tout transfert du pouvoir vers la transition. Le Soudan n’est pas un Etat partie au Statut de Rome. Cependant, le Conseil de sécurité de l’ONU ayant déféré à la CPI la situation au Darfour, la Cour peut exercer sa compétence. Mais, ici aussi, la nouvelle direction à Khartoum pourrait faire la sourde oreille tout comme c’est le cas depuis plusieurs années.

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