Burkina Faso : 30 mois de transition ? (Pas mal)

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Une commission mise en place début février par la junte militaire, qui a pris le pouvoir il y a un mois au Burkina Faso, a proposé une transition de 30 mois avant un retour à l’ordre constitutionnel.

Dans un rapport, la commission « propose 30 mois de transition dirigée » par le chef de la junte, le

colonel, Paul-Henri Sandaogo Damiba, ainsi que, « la mise en place d’un gouvernement et d’un organe législatif restreints, n’excédant pas respectivement 20 et 51 membres », ont expliqué une source militaire, et une autre proche de la présidence.

Le rapport, un projet de charte et d’agenda de la transition, a été présenté, mercredi, 23 février, au chef de la junte, mais, son contenu n’a pas été rendu public. Il devra être soumis à la hiérarchie militaire et aux « forces vives » du pays – partis, syndicats et organisations de la société civile – avant toute validation.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a suspendu le Burkina Faso de l’organisation le 28 janvier en raison du coup d’état ayant renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré, avait demandé à la junte de présenter un calendrier « raisonnable pour le retour à l’ordre constitutionnel ».

La durée des transitions est au cœur des négociations entre les pays de la région touchés par les putschs et la CEDEAO qui réclame qu’elles soient les plus courtes possible. Elle a jugé « inacceptable » celle de cinq ans exigée par le Mali et ne cesse de réclamer un calendrier à la Guinée qui refuse de se voir imposer tout délai.

« La proposition de 30 mois faite par la commission semble peu pour sortir ce pays de cette insécurité qu’on vit depuis six ans », a estimé Salam Sampougdou, membre de la Coalition pour une transition réussie, qui rassemble des organisations de la société civile soutenant la junte. Selon lui, « il aurait fallu prévoir une option pour une prolongation de la durée de la transition ».

Par contre, du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), motus et bouche cousue. Pas de commentaire. Mariame Ouattara, présidente de la commission, a expliqué qu’elle s’était « inspirée des directives données par la junte ».

Des directives portant sur « la restauration de l’intégrité du territoire, la consolidation de la paix pour un retour des déplacés internes, la bonne gouvernance et le retour à un ordre constitutionnel nouveau ». Outre le projet de charte et l’agenda de la transition, « nous avons jugé utile de joindre une charte des valeurs pour soutenir la refondation » voulue par la junte militaire, a-t-elle ajouté.

« L’œuvre de refondation dans laquelle nous sommes collectivement engagés s’appuiera sur une vision claire du devenir que nous voulons pour notre pays, un pays qui renoue avec la paix, la sécurité pour l’ensemble de ses concitoyens et une gouvernance vertueuse fondée sur les valeurs d’intégrité, de travail et de solidarité », a déclaré le colonel après la réception du rapport, cité par la présidence du Faso. Il a salué « l’engagement » de la commission qui, a-t-il affirmé, a travaillé« bénévolement et en toute indépendance ».

La commission était composée de 15 membres, dont des juristes, des sociologues, des économistes et des officiers

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