TOGO : NOMINATION D’UNE AMAZONE À LA PRIMATURE

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Faure Gnassingbé s’est rendu, il y a quelques jours à Libreville, pour rencontrer son frère, Ali Bongo Ondimba. Les contacts entre ces deux chefs d’Etat sont réguliers. Ils se téléphonent quasi-quotidiennement. S’il n’a échappé à personne que le président du Gabon avait fait appel à une femme économiste à la primature en août dernier, la compétence féminine est, aussi, au centre de la formation du nouveau futur gouvernement togolais. Depuis ce lundi, 28 septembre, en effet, Victoire Sidémého Tomegah-Dogbe remplace Komi Selom Klassou au poste de premier ministre. Afrique Education (votre magazine préféré), commentant la nomination de la première ministre gabonaise, Rose Ossouka Raponda, avait laissé entendre que le chef de l’Etat l’avait appelée à ses côtés, après avoir tellement été déçu par la gent masculine. Il a choisi une accompagnatrice paisible, par ces temps préélectoraux qu’un homme qui aurait, peut-être, montré un visage fidèle et doucereux le jour et pactiser la nuit avec certains vampires de l’Ogooué, en mettant quelques peaux de banane sur le passage du président, ce qui aurait été de mauvais goût alors qu’on s’approche de 2023, année de l’élection présidentielle à laquelle Ali est candidat. En matière de fidélité, surtout chez les Bantu, on ne fait aucune comparaison entre l’homme et la femme. Depuis la nuit des temps, la femme déçoit rarement quand on lui fait entièrement confiance. On ne dira pas de même de l’homme… Cela dit, le Gabon c’est le Gabon. Le Togo le Togo. Komi Selom Klassou a plutôt été un très bon premier ministre. Le fait d’avoir accompagné le président pendant tout son mandat et même au-delà, montre qu’il était à la hauteur des attentes du chef de l’Etat. Ce n’était pas le cas au Gabon. Au Togo, le président se devait de donner une nouvelle dynamique à son action à la tête de l’Etat alors que le PND (Programme national de développement) est en train de s’enliser à cause du coronavirus. Impossible de faire des prévisions fiables avec cette pandémie. Pas moyen d’élaborer une stratégie durable qui tienne la route et qu’on puisse suivre. Le coronavirus impose une navigation à vue à tous les pays du monde, y compris le Togo. La gestion de ce dossier au côté du président de la République nécessite une connaissance approfondie des dossiers, une confiance totale dans leur mise en oeuvre et une capacité hors pair de l’anticipation sans que l’on se démarque des prescriptions et de la vision présidentielles. La nomination de Victoire Tomégah-Dogbé ne doit donc rien au hasard. S’il existe un Togolais qui méconnaît sa compétence et son efficacité dans la conduite des projets (dont les siens au Développement à la Base), c’est qu’il appartient à la race des sorciers. Car comme patronne du Cabinet présidentiel et ministre du Développement à la Base, elle a fait plus que du bon travail. Quand on est président, cela fait du bien d’avoir dans son équipe, ce genre de moteur diesel qui dope nécessairement l’action gouvernementale. Titulaire d’une maîtrise en économie et gestion de l’Université de Lomé, ce qui fait honneur à l’enseignement supérieur du Togo, elle a poursuivi deux spécialisations en « Option de gestion générale marketing et finance » au Jutland Technology Institute – AARHÜS au Danemark, et en « Orchestrating Winning Performance » au International Institut pour le développement de la gestion (IMD) – à Lausanne en Suisse. Titulaire d’un autre diplôme spécialisé dans les domaines d’intervention de l’Université virtuelle du développement du PNUD à New York en association avec l’Université internationale Jones, elle a débuté sa carrière à l’Industrie togolaise des plastiques (ITP) en tant que responsable approvisionnement avant d’accéder à la direction générale. Elle a, ensuite, occupé des postes au PNUD de représentante résidente-adjointe des Opérations au Togo et au Congo-Brazzaville et de représentante résidente-adjointe au Burkina Faso et au Bénin. En 2008, elle est nommée ministre déléguée auprès du premier ministre en charge du Développement à la base, avant d’être chargée, dès 2009, de la gestion du cabinet du président de la République. Elle cumulait la direction de cabinet avec le Développement à la Base et la Jeunesse jusqu’à sa nomination à la primature. Elle a à son crédit le lancement de plusieurs projets novateurs en matière de développement, de financement inclusif et de volontariat. Très expérimentée dans l’action de l’Etat, elle aura la délicate mission de gérer le coronavirus, une épidémie que le Togo a réussi à contenir et à faire reculer au point qu’elle ne représente plus une menace, et de mettre en œuvre les chantiers de la relance économique. PND oblige ! Le Togo est le seul pays au monde où la présidence de l’Assemblée nationale et la primature sont occupées par des femmes. Qui dit mieux ?

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