COTE D’IVOIRE : Nana Akufo-Addo et Antonio Guterres vont intervenir quand ?

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Président en exercice de la CEDEAO et chef de l’Etat du Ghana, Nana Akufo-Addo a dépêché, dimanche, 18 octobre, dans l’urgence, une mission de deux personnes composée de sa ministre des Affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchwey, et du commissaire des Affaires politiques, Paix et Sécurité de la CEDEAO, le général, Francis Behanzin, dans le cadre de la prévention des conflits. A l’issue de la rencontre avec Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan, dimanche, la ministre aurait déclaré que la situation était encore sous contrôle, en Côte d’Ivoire, malgré quelques agitations, et qu’elle ne nécessitait pas d’intervention extérieure au stade actuel du déroulement de la campagne. C’est une totale méconnaissance de la réalité.

Voici une situation très parcellaire qui prévalait en Côte d’Ivoire ce matin, sachant que nous n’avons pas une vue d’ensemble de ce qui se passe dans tout le pays :

A la Riviera 2 (Abidjan), des voitures étaient en train de brûler ce matin ; des pneus incendiés sur la voie causaient une grosse perturbation de la circulation ;
Route Dabou-Songon, obstruée au niveau du village Agneby dès 7h40 GMT
Centre-ville de Daoukro bloqué à 7h45 GMT par des manifestants ;
A Bonoua, à 8h00 GMT, les manifestants ont délogé les élèves des écoles ;
A Daloa, à 8h10, les manifestants ont délogé les élèves des écoles ;
A Yamoussoukro, à 8h30 GMT, les manifestants ont délogé les élèves des écoles ;
A Biankouman, à 8h30 GMT, les manifestants ont délogé les élèves des écoles ;
Axe Echangeur Riviera 2 – Anono, à 8h40 GMT : au niveau de la chefferie, des manifestants ont incendié des pneus, obstrué la voie principale, et s’attaquaient aux véhicules ;
Marcory et Yopougon (Abidjan) à 9h15 GMT, les manifestants ont délogé les élèves des écoles ;
A Bongouanou (fief de Pascal Affi N’Guessan), à 9h26 GMT, les écoles, magasins et une agence bancaire ont fermé à cause des manifestants.
A Abengourou, à 9h25 GMT, les manifestants ont délogé les élèves des écoles.

Il faut préciser que la FESCI a lancé un mot d’ordre de fermeture des écoles dans le pays à partir de ce lundi, 19 octobre, à cause des négociations non abouties avec la ministre de l’Education, Kandia Camara.

A la sous-préfecture de Kpouèbo, le local de la CEI a été saccagé et le vice-président local molesté. Il a d’ailleurs, après ces violences sur sa personne, démissionné de son poste. Le matériel électoral a été emporté.

Par ailleurs, le Syndicat des enseignants catholiques de Côte d’Ivoire (SEDEC) a ordonné la fermeture de tous les établissements catholiques du diocèse d’Abidjan. D’autre part, il a invité les chefs d’établissement, les directeurs et directrices à rester à l’écoute pour les éventuelles consignes à tout moment. Le SEDEC a demandé une large diffusion de cette information et invité à une vigilance dans les établissements et écoles.

Le patron du RPCI, Christian Vabé, a rappelé les consignes dans son communiqué d’hier :

« A part les hôpitaux, les cliniques, les maternités, les infirmeries, les pharmacies, les centres de dialyse, et tous les centres annexes pour recevoir les malades et sauver des vies, tout doit fermer à partir de ce lundi 19 octobre 2020 dans tout le pays, car le peuple souverain a décidé de prendre toutes ses responsabilités pour empêcher par tous les moyens démocratiques le parjure du président Alassane Ouattara et la violation de sa constitution».

Le communiqué du président Christian Vabé continue :

« Où que vous soyez, dans les champs, dans les villes, à Abidjan, ou à l’intérieur du pays, APPROVISIONNEZ VOUS car vous devez tout fermer et empêcher le déroulement de la campagne présidentielle illégale de M. Alassane Ouattara et la distribution des cartes d’électeurs. La Côte d’Ivoire doit être à partir de ce lundi un pays mort afin d’obliger M. Ouattara à reculer car LA DESOBEISSANCE CIVILE DEVIENT UN DEVOIR SACRE CAR L’ETAT DE CÔTE D’IVOIRE EST DEVENU HORS -LA-LOI, VOYOU, ET CORROMPU, ET UTILISE LES MILICIENS MICROBES ET ESCADRONS DE LA MORT CONTRE SON PEUPLE ». (fin du communiqué).

Les majuscules sont de l’auteur.

Avant de publier son communiqué de fin de mission ce lundi, 19 octobre, la ministre ghanéenne des Affaires étrangères doit rencontrer non seulement « le menteur d’Abidjan » (Ouattara) mais aussi, les diplomates des pays membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne et Chine).

La violence et les destructions de biens se généralisent dans le pays. Bientôt, il n’est pas exclu que même la campagne de Ouattara soit perturbée. Il est temps que le président en exercice de la CEDEAO, Nana Akufo-Addo, vienne, personnellement, à Abidjan, constater lui-même les dégâts, si possible, en compagnie de certains de ses homologues dont l’incontournable, Muhammadu Buhari, du Nigeria, voire, Macky Sall du Sénégal et Mahamadou Issoufou du Niger, et dire à Ouattara que les élections ne peuvent pas se tenir dans un pays presqu’en guerre. Car la Côte d’Ivoire est en train d’entrer en guerre contre elle-même. Qu’il cesse d’envoyer sa ministre des Affaires étrangères car le dossier Côte d’Ivoire est au-dessus de ses compétences : elle ne pèse pas lourd devant « le menteur d’Abidjan » (sur notre photo, la rue principale obstruée à Bonoua où on ne veut pas de 3e mandat d’Alassane Ouattara). A Bonoua, on a enregistré un mort ce matin.

D’autre part, Antonio Gueterres a été sollicité par l’opposition. Il ne peut plus rester silencieux. Il est grand temps qu’il se manifeste. Sinon, sa propre responsabilité sera engagée.

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