Coup de tonnerre dans le ciel parisien ! La Cour de cassation française a validé, mardi, 4 juin, l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso, rejetant le pourvoi déposé par le frère de l’ex-président déchu, mis en cause dans son pays dans l’enquête sur l’assassinat, en 1998, du célèbre journaliste Norbert Zongo. Il va devoir affronter, pour la première fois, la justice du Burkina Faso. Pour être effective, cette extradition doit, encore, être autorisée par un décret du gouvernement français, lui-même, susceptible d’un recours devant le Conseil d’Etat. Ce ne sont que des formalités loin d’être insurmontables à l’exemple du décret du gouvernement. Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, entretient, par ailleurs, d’excellentes relations avec son homologue français, Emmanuel Macron, qui avait effectué une visite remarquée, à Ouagadougou, fin 2017, pendant laquelle il rencontra les étudiants dans le grand amphithéâtre de l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Un échange resté mémorable entre le président français et les étudiants. Macron n’aurait donc aucun intérêt à freiner la procédure. Au contraire même !
La plus haute juridiction judiciaire a, par ailleurs, refusé de transmettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par la défense de M. Compaoré contre les textes régissant l’extradition.
« Ce sont deux décisions très sommaires qui ne sont pas du tout à la mesure des moyens que nous avons présentés », a réagi Me François-Henri Briard, avocat de M. Compaoré.
Il a indiqué que si un décret était effectivement signé, il l’attaquerait devant le Conseil d’Etat.
Le 5 décembre 2018, la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris avait autorisé son extradition vers Ouagadougou.
Le dossier Zongo, classé en 2003 après un « non-lieu » en faveur du seul inculpé, a été rouvert à la faveur de la chute de l’ex-président déchu, Blaise Compaoré, fin octobre 2014, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir.
Alors qu’il enquêtait à l’époque sur la mort de David Ouédraogo – chauffeur de François Compaoré -, le journaliste burkinabè, Norbert Zongo, 49 ans, et trois personnes qui l’accompagnaient avaient été retrouvés morts calcinés dans leur véhicule, en décembre 1998, dans le Sud du Burkina Faso.
Agé de 64 ans, François Compaoré avait été arrêté à l’aéroport de Roissy, en octobre 2017, en exécution d’un mandat d’arrêt émis par les autorités de Ouagadougou.
A ce jour, il n’est pas inculpé dans son pays, à la différence de trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré.