CENTRAFRIQUE : Accord sur l’ouverture d’une base militaire primaire de la Russie à Bangui

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Voilà donc la Russie qui prend pied en plein cœur de l’Afrique où le président, Faustin Archange Touadéra, vient d’autoriser l’ouverture (officiellement) d’une « antenne du ministère russe de la Défense » à Bangui. En réalité, il s’agit d’une structure qui va, rapidement, muter en base militaire primaire avec des objectifs de défense assignés à ce type de structure. Dépêché en Centrafrique, spécialement, à cet effet, le général, Oleg Polguev, est arrivé, fin août, à la tête d’une importante délégation d’officiers supérieurs russes.

S’exprimant devant la Commission sénatoriale des armées, l’année dernière, l’ancien patron de l’Africom (le commandement militaire américain pour l’Afrique), le général, Thomas Waldhauser, avait fait part, avec inquiétude, des avancées croissantes de la Russie en Centrafrique et, dans une moindre mesure, en Algérie, en Libye et au Soudan… Ce d’autant que la Russie dispose, déjà, d’une facilité en Guinée équatoriale où ses bâtiments de guerre peuvent accoster, pendant deux semaines, voire plus, pour se ravitailler avant de reprendre l’océan. On rappelle que c’est en partie grâce aux Services russes que le président, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, avait évité un véritable carnage, le 24 décembre 2017, dans la cathédrale de Mongomo, lors de la messe de la nativité : un commando missionné depuis la France et supervisé par le président du Tchad, Idriss Déby Itno, avait failli mettre fin au régime en place, dans un terrible bain de sang.

Impliqué malgré lui dans cette affaire dans la mesure où certains membres de son entourage (immédiat) rencontraient les putschistes venus du Tchad dans un grand hôtel de Bangui, Faustin Archange Touadéra a dû déployer beaucoup de talent pour convaincre le président Obiang de son innocence.

Pour se mettre à l’abri de certaines mauvaises intentions, et avoir la vie sauve, Touadéra s’est mis sous la protection russe. Ce sont les Services de Poutine qui forment sa garde rapprochée et qui vont jusqu’à tenir le carnet des audiences (sur notre photo le président russe boit le champagne à la santé des soldats français qu’il a remplacés en Centrafrique et qui souhaitent revenir).

Venue à Bangui vendredi 18 septembre pour officiellement superviser le transfert d’autorité à la tête de la Mission EUTM-RCA (European Union Training Mission – RCA) entre le général français, Eric Peltier et le général portugais, Paulo Neves de Abreu, la ministre française déléguée aux Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, Geneviève Darrieussecq a rencontré le président Touadéra pour une audience transversale où cette question des Russes ne pouvait être évitée. C’est le dossier dans les relations franco-centrafricaines qui fâche à Paris !

Pourtant, les Russes sont au cœur de la stratégie de Touadéra. C’est eux qui avaient peser dans la signature de l’accord de Khartoum du temps du président Omar el Béchir. Même si cet accord a beaucoup desservi le régime de Touadéra qu’autre chose. Cela dit, les Russes veulent l’aider à obtenir un deuxième mandat malgré un mauvais bilan et pour cela, ils sont prêts à s’ingérer, comme ils savent le faire, dans le processus électoral pour que le président centrafricain se succède à lui-même. Pourquoi pas dès le premier tour même si tout le monde sait en Centrafrique que Touadéra n’a pas les voix pour se faire réélire.

Le plus urgent, c’est que l’opposition obtienne un report de la présidentielle (le premier tour ne pourra plus avoir lieu le 27 décembre les listes électorales n’étant pas prêtes). Or, en cas de report, Faustin-Archange Touadéra ne pourra plus être le président de la RCA. Son mandat aura pris fin et le pays devra basculer dans une transition qui demandera à être définie dans le cadre d’une table ronde avec l’opposition, la société civile et certains partenaires.

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