CENTRAFRIQUE : Les conditions d’une paix durable

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La paix en Centrafrique passe par la réconciliation entre les communautés chrétiennes et musulmanes, entre les victimes et les membres de milices qui ont commis des exactions et des crimes.

Vu l’extrême gravité des violences perpétrées par les milices depuis 2013,  la fin de l’impunité et la justice sont les conditions sinequanones d’une réconciliation et d’un retour à une paix en Centrafrique. 

Les condamnations unanimes de la communauté internationale, des ONG, des organisations humanitaires, des politiques et des évêques centrafricains ont leur importance, mais elles ne suffisent pas à réparer les crimes de sang, les crimes contre l’humanité, les violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants, les actes de tortures dont ont pu se rendre coupables les milices. 

Il est indispensable que les tribunaux, qu’il s’agisse de la Cour pénale spéciale centrafricaine ou de toute autre instance compétente, la justice française pour la personne interpellée le 15 septembre 2020 dans le Doubs, par exemple (un ancien officier de la garde présidentielle du président Bozizé et chef de milices anti-balakas ), se saisissent des affaires qui leur sont soumises en allant jusqu’au bout des procédures.

Il ne faut pas donner le sentiment au peuple centrafricain, aux victimes que ces crimes restent impunis.

L’ impunité est susceptible de conforter les milices dans leurs comportements et d’ouvrir la porte à des règlements de comptes, à des vengeances personnelles, à des exécutions sommaires de la part des victimes. 

On assiste dans certains quartiers des grandes villes ou certains villages à des « chasses à l’homme « .

L’intervention de la police ou des soldats de la MINUSCA et de la FACA ne permettent pas toujours d’éviter le lynchage d’un criminel présumé par une foule en colère. Ainsi, des personnes ont pu être battues à mort ou jetées vivantes au fond de puits. Il s’agissait, parfois, d’innocents.
 
Ces scènes de lynchage nourrissent la peur, la défiance et le ressentiment entre les communautés qui sont autant d’obstacles à une réconciliation.

La force du droit est de garantir un procès équitable aux auteurs de crimes tout en permettant de sanctionner des actions qui ont porté atteinte aux droits humains les plus élémentaires.

La fin de l’impunité pour les crimes les plus graves n’est, aux yeux des Centrafricains pour qui la réconciliation, après tant de souffrances endurées,  va demander un effort considérable, que justice et réparation. 

Ce sont les réflexions que m’inspire la récente arrestation dans l’Est de la France  de cet ancien officier de la garde présidentielle, mis en examen pour « complicité de crimes contre l’humanité ». Il s’agit d’Eric Danboy Bagale (notre photo). 

Patrick David 
est docteur en droit.

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